PATRIMOINES : Héritage/Hérésie
La Grande Exposition du commissaire Marc Barani, associé à Birgit Fryland pour la scénographie, et au réalisateur Christian Barani, était présentée au Hangar 14.
« L’exposition installée au rez-de chaussée du hangar 14, avec comme unique support la vidéo, était scindée en deux parties. Elle aiguillonnait la réflexion sur les idées communément partagées à propos de la notion de patrimoine. Elle mettait en évidence, à partir d’exemples puisés en Europe et dans d’autres cultures, sa nature oscillant entre réel, imaginaire et symbolique, tout en soulignant la grande instabilité du regard que l’on peut porter sur le phénomène bâti.
La première partie mettait en scène six thèmes choisis parmi les invariants qui traversent la question du patrimoine : forme et matière, mémoire, transformation, réflexivité, visibilité. Ils étaient abordés dans des situations limites pour réactiver leur contenu et faire débat.
La deuxième partie de l’exposition s’attachaient à démontrer qu’indépendamment des politiques patrimoniales, les structures urbaines réagissent avec des degrés de pérennité différents aux transformations qui les modèlent, selon qu’il s’agisse de voies et de tracés, de parcellaire ou de bâtiments.
Les voies changent très peu d’emplacement au cours des siècles, le parcellaire évolue plus facilement alors que le bâti est, parmi les trois entités, celui qui change le plus rapidement. Cette règle fût testée sur cinq villes (Beyrouth, Dresde, Dubaï, Ouagadougou, Rotterdam) qui ont vécu sur une période courte ces phénomènes de façon accélérée, leur centre ayant été soit détruit par la guerre, soit transformé radicalement par la colonisation ou la spéculation immobilière effrénée.
Ces vidéos montrent aussi que sur le temps long et par-delà les différences culturelles, les sentiments d’identité et de continuité trouvent à s’incarner dans les mécanismes urbains, sans doute parce qu’ils sont les liants de toute communauté.
Le dernier film sur la ville de Bordeaux proposait, à la lumière des thèmes abordés précédemment, une lecture libre de ses espaces en mutation et du potentiel qu’ils recèlent. Avec l’idée que l’élargissement de la notion de patrimoine aux mécanismes d’évolution de la structure urbaine peut conduire à des « portraits de villes » à déterminer « le code génétique d’un territoire », comme préalable à toute action. »
Extrait d’une présentation de l’exposition AGORA 2012 par Marc Barani, commissaire de l’exposition.
© Jérémie Buchholtz