Myrto Vitart
Architecte
Présidente des jurys prix d’architecture, prix associations et prix Entreprises 2010 d’Agora biennale de Bordeaux
L’agence Ibos & Vitart
L’agence Ibos & Vitart, qui existe depuis 1989, est installée à Paris. Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart, diplômés dans la première moitié des années 80, font partie de cette génération qui a émergé, en France, grâce au vecteur des concours du PAN (Ibos, lauréat de la 12ème session en 1981) ou des Cahiers de la Jeune Architecture (Ibos, en 1983). Membres fondateurs de Jean Nouvel & Associés en 1985, ils participent, jusqu’en 1989, aux projets les plus marquants et les plus radicaux de l’agence (l’immeuble de logements « Nemausus », 1987 ; la « Tour sans fin », 1989 ; le Palais des Congrès de Tours, 1989, …). Forts de cette expérience à la fois de conception et de réalisation, Ibos et Vitart décident de s’associer, à l’aube des années 90.
Leur architecture, qui a gardé de la collaboration avec Nouvel une certaine radicalité, est très ancrée dans le réel. Ni utopique, ni fictionnelle, ni même « virtuelle », elle ne cherche pas ailleurs que dans les choses qui nous entourent le matériau de sa propre expérimentation. Presque exclusivement située en France, dans un contexte socio-économique, politique et urbain dont Ibos et Vitart maîtrisent les rouages et les enjeux précis, elle cherche toujours à s’inscrire dans les situations d’où elle émerge. C’est pourquoi Ibos et Vitart débutent chacun de leurs projets par une analyse très fine des éléments programmatiques, des contraintes économiques, des problématiques particulières au site. Mais cette identification systématique des données du réel n’est pas conduite chez eux par une recherche contextua-liste de disparition, de dilution de leur architecture dans le banal. Au contraire, elle constitue l’outil d’élaboration d’une stratégie de projet qui soit à la fois pertinente, efficace et critique. Pour Ibos et Vitart, un positionnement radical vis-à-vis du réel doit reposer sur une intelligence de la situation. L’architecture commence déjà là : avant les matériaux de construction, avant aussi le dessin, c’est la situation elle-même qu’ils cherchent, d’abord, à travailler, à mettre en architecture. Cette mise en équation des données de base, qui emprunte souvent le registre de la subversion, du renversement paradoxal, devient la règle particulière à chacun des projets ; elle fonde la clarté de leurs partis et leur extrême lisibilité une fois réalisés. Alors que Nemausus renversait déjà la problématique du logement social en privilégiant la taille des appartements, les projets propres d’Ibos & Vitart présentent toujours un engagement clair et radical. Leur proposition pour la ZAC Massena privilégiait le caractère suburbain du site contre la doctrine néo-haussmannienne officielle. Le projet pour la bibliothèque et les archives départementales de Marseille, renversait le clivage horizontal entre les deux terrains, en empilant verticalement les deux programmes. Les entrepôts C40 et C41 de Gennevilliers, pour subvertir la banalité de ce genre de construction, sans sortir du cadre économique très serré dans lequel ce projet s’inscrit, se parent de deux couleurs inattendues: l’or et l’argent. « Le réel n’a d’intérêt, déclarait Myrto Vitart dans la revue IN/EX, que si l’on s’en sert pour proposer quelque chose qui le dépasse tout en s’y inscrivant. ». (archilab.org)